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Chapitre 3 : La Naissance.
Alors qu’elle est installée au palais du gouverneur Khadae à Alhadiqa, Ramady découvre que ses enfants sont en danger. Tebekh, le roi d’Echèse souhaite leur mort et il a envoyé Alhadina, qui se fait passer pour une sage-femme, les tuer. Ramady décide alors de fuir Alhadiqa vers les monts Mizrab.
Shi et Zhenzhu furent réveillés par les tambourinements à la
porte. Sans même se le dire, ils pensèrent tous deux que c’était encore Lieren,
un jeune chasseur du village, qui venait les trouver. Depuis que Zhenzhu était
allé à la chasse une fois avec lui, il venait sans cesse, chaque matin, montrer
ses prises. Généralement s’ils n’ouvraient pas, il partait assez vite. Et ils
n’avaient pas envie d’ouvrir. Mais ce matin, il insistait. Zhenzhu se leva,
passa une grosse cape de laine et déverrouilla la porte les yeux encore
embrumés. Face à lui, Lieren était surexcité :
« Zhenzhu, il faut vite que tu viennes avec moi !
– Du calme Lieren, j’ai bu trop de bière à l’osmanthus hier soir, je ne
viendrai pas à la chasse avec toi aujourd’hui…
– Je ne te parle pas de chasse, j’ai trouvé une femme à quelques pas de chez
toi ! Je crois qu’elle vient de donner naissance à des enfants !
– Quoi ? Où ça ? Allons-y, je te suis ! »
Shi, qui avait entendu, se leva d’un bond et les suivit. Ils coururent quelques
minutes à peine dans la forêt de bambous. Lieren n’avait pas menti. Au cœur
d’un petit bosquet une femme était endormie, recroquevillée sur elle-même. Elle
portait une grande robe richement ouvragée. Bien plus que ce que l’on portait
habituellement dans la vallée. Aux poignets et au cou des bijoux d’or et
d’argent. Que pouvait-elle bien faire là ? Ils s’approchèrent doucement,
sans savoir si c’était pour ne pas la réveiller, pour ne pas lui faire peur ou
pour ne pas en avoir peur ; ses bras menus protégeaient trois petites
formes qui respiraient dans une grande écharpe écarlate. Elle leur avait donné
la vie à peine quelques heures avant. Ramady ouvrit les yeux, aperçut ces trois
silhouettes qui l’entouraient. Comme un réflexe, elle serra un peu plus ses
bras autour de ses enfants. Elle ne comprenait pas ce qu’ils disaient. Elle
saisit quelques mots, elle avait déjà entendu cette langue, des marchands
ambulants qui venaient d’au-delà des monts Mizrab. Peur, pas peur, ne pas avoir
peur. Elle ne devait pas avoir peur. L’un des deux hommes la couvrit avec une
épaisse étoffe de laine puis ils l’aidèrent à se relever, ses trois enfants
dans les bras. Elle les suivit sans un mot. Elle regardait autour d’elle, elle
ne connaissait rien, ne reconnaissait rien. Ca la rassura, elle avait réussi,
elle était loin du royaume d’Echèse, Tebekh ne viendrait pas la chercher ici.
Ils l’amenèrent jusqu’à une petite maison à flanc de montagne, juste à l’orée
de la forêt. En dessous s’étendait la vallée, les rizières, les champs, les
vergers et les potagers. Ici et là on voyait de la fumée sortir de quelques
maisons éparpillées. Ramady contempla le paysage. Shi lui apporta une tasse
d’une boisson douce, sucrée, réconfortante. Elle lui amena ensuite une épaisse
bouillie blanche et l’invita à venir s’asseoir à l’intérieur de la maison.
Zhenzhu avait garni une grande caisse en bois de feuilles de bambous sur
lesquelles il avait déposé une peau de mouton pour que Ramady puisse y
installer ses enfants. Elle le fit avec un peu de méfiance. Tout en mangeant,
elle ne pouvait détacher son regard des trois petits êtres qui dormaient
paisiblement. Lieren était déjà reparti. Il avait dit qu’il devait chasser mais
Shi savait bien qu’il allait surtout colporter partout la nouvelle miraculeuse.
« Merci. »
Pour la première fois, Shi et Zhenzhu entendirent la voix de Ramady. Elle
parlait leur langue, au moins quelques mots. Ils s’assirent à côté de Ramady.
« Que fais-tu ici avec tes bébés ? demanda Zhenzhu.
– Je devais fuir de chez moi.
– Tu viens de l’autre côté des montagnes ?
– Oui.
– Quand les gens de ton pays viennent ici, c’est nous qui devons fuir
d’habitude, rétorqua Shi.
– Le roi de mon pays veut tuer mes enfants lâcha Ramady, la voix pleine de
désespoir. Où sommes-nous ?
– Tu es dans la vallée et le village de Lutai. Je suis Shi et mon mari s’appelle
Zhenzhu. »
Zhenzhu voulut en savoir plus sur l’histoire de Ramady mais Shi le coupa. Ils
n’avaient pas besoin d’en savoir plus si elle leur promettait que ça ne les
mettrait pas en danger. Elle le promit, personne ne savait qu’elle était venue
se réfugier ici. Ils échangèrent encore par des mots, des signes, des mimes
jusqu’à ce que Ramady tombe de sommeil. Ils l’installèrent dans la couche et
s’en allèrent travailler dans la vallée.
Les jours, les semaines et les mois passaient. Chaque matin Zhenzhu et Shi préparaient une bouillie de millet pour Ramady, une tasse du nectar sucré qu’elle avait bu le premier jour puis s’en allaient au fond de la vallée. Avec le reste du village et des hameaux alentours, ils cultivaient du riz, du millet, des fruits et des légumes en tous genres, élevaient quelques têtes de bétails. Tous les habitants de la vallée avaient eu vent de la présence de Ramady. Zhenzhu et Shi n’avaient jamais eu autant de visites dans leur petite maison que durant cette période. Tout le monde voulait voir cette étrangère apparue dans la forêt et les enfants des bambous. Depuis qu’un vieux commerçant était revenu de son colportage par-delà les monts Paishui Gou, on disait même que Ramady était une princesse qui avait volé les enfants d’un roi. Pour aider Zhenzhu et Shi, on les laissait prendre quelques parts en plus dans la production quotidienne pour qu’ils puissent nourrir toutes les bouches qui dormaient sous leur toit. Lorsqu’ils rentraient, ils prenaient en charge les bébés pour que Ramady puisse se reposer. Elle était faible depuis son accouchement. Régulièrement elle avait des montées de fièvre, elle semblait avoir du mal à se remettre. Alors Shi et Zhenzhou faisaient tout ce qu’ils pouvaient pour la soulager. Ils berçaient les enfants, leur chantaient des comptines, les promenaient dans la vallée. Quand ils furent assez grands, ils les prirent même avec eux la journée. Ils les portaient sur le dos, tenus par une grande bande de tissus. Les bambins sautaient toute la journée sur le dos de leurs destriers adoptifs au rythme des bêches des travailleurs. Lorsqu’ils fatiguaient, Shi et Zhenzhu les allongeaient sur de grands tapis de laine avec les autres enfants du village. Comme tout le village les avait adoptés et que Ramady ne leur avait pas donné de nom, Shi et Zhenzhu prirent l’habitude de les nommer eux-mêmes. Ils n’avaient jamais eu d’enfant, un sorcier leur avait prédit qu’ils ne pourraient pas en avoir, alors ces trois-là devenaient un peu les leurs. Ils nommèrent le garçon Hu, la première fille Huisè et la deuxième fille Li Shu. Et rapidement au village tout le monde les appela comme ça. Comme ils passaient leur temps avec les autres enfants du village, ils furent aussi nourris par les nourrices du village, si bien que Ramady ne les voyait plus que le soir.
A Lutai on n’avait jamais vraiment vu Ramady que chez Shi et
Zhenzhu. Quelques fois, la journée, on l’apercevait au loin qui observait
l’activité du village. Elle n’avait participé à aucun banquet, aucune fête,
aucune tâche. Elle ne s’était jamais aventurée dans aucun commerce, dans aucun
temple, dans aucun bain public. Depuis que Shi et Zhenzhu lui avaient dit que
dans la vallée on racontait qu’elle était une princesse qui avait volé les
enfants d’un roi, elle ne leur parlait plus que très peu. Elle ne leur faisait
pas confiance, ni à eux, ni à personne à Lutai. Chaque jour elle surveillait
les allées et venues sur le chemin qui partait vers l’ouest. Le matin, elle ne
pouvait éviter de se demander si Shi et Zhenzhu n’avaient pas fait envoyer un
message à Alhadiqa pour les dénoncer. Ils n’avaient pas grand-chose, ils ne
refuseraient pas une généreuse récompense contre sa vie. Elle les regardait
partir avec ses enfants chaque matin. Elle n’osait rien leur dire. Elle était
heureuse de ne pas avoir à s’en occuper. Si ils n’avaient pas été là, elle
n’aurait pas eu à fuir Alhadiqa et à se retrouver dans ce pays où elle ne
connaissait rien ni personne. Elle n’aurait pas eu non plus à se méfier sans
cesse, à sursauter à chaque fois que la nuit elle entendait dehors des
brindilles craquer ou des bruits d’oiseaux qui ressemblaient étrangement aux
codes sonores des troupes d’élite d’Echèse. Lorsqu’elle se promenait dans Lutai,
la tête cachée par un châle, elle ne répondait jamais à personne. Si certains
avaient le malheur d’insister, elle les rabrouait sèchement. Si bien que
c’était devenu un jeu pour les habitants de l’interpeller. Ils aimaient
l’entendre s’énerver dans sa langue. Lorsqu’elle voyait un marchand revenir par
le chemin de l’ouest et des monts Paishui Gou, elle l’interrogeait pour
s’assurer qu’il n’avait rien dit sur elle. Plusieurs fois on l’avait vu frapper
ceux qui refusaient de répondre à cet interrogatoire systématique. Si la
plupart des gens de Lutai prenaient la situation avec recul et tentaient de
comprendre ce que Ramady étaient en train de vivre, d’autres s’en exaspéraient.
Ainsi, un soir, alors que Shi prenaient les aubergines de sa ration supplémentaire,
Gongping, une femme du village, lui attrapa le bras et renversa sa caisse par
terre.
« Ca suffit Shi ! Vous n’avez plus le droit de prendre ces
légumes ! Toi et ton mari, vous les prenez pour une femme qui nous
surveille et nous insulte à longueur de temps mais qui ne participe jamais aux
travaux du village. Elle profite du labeur de la communauté sans jamais y
participer. Si vous voulez la nourrir, vous prendrez sur votre part, mais pas
sur celle des autres.
– Ce n’est pas toi qui décide, Gongping, répliqua Shi en ramassant ses
aubergines.
– Non, tu as raison Shi, ce n’est pas moi qui décide, nous avons tous décidé
ensemble. »
Les travailleurs et les travailleuses amassés autour de la scène approuvèrent
par des cris. Tous en avaient marre de travailler pour la princesse. Ils
n’avaient pas de roi, pas de reine, pas de monarque à Lutai, ce n’était pas
pour qu’une réfugiée se comporte comme tel. Shi n’essaya pas de débattre. Elle
prit la part de la récolte qui lui était due et s’en alla.
Le feu s’éteignait doucement dans le foyer quand Shi se mit
à parler. Le repas s’était fait dans le plus grand silence. Zhenzhu s’était
étonné de la faible quantité de nourriture. Il lui avait pourtant semblé que
les récoltes étaient bonnes. Shi n’avait pas relevé.
« Ramady, il va falloir que tu viennes travailler avec nous dorénavant.
– Comment ?
– Les habitants de Lutai ne veulent plus te nourrir si tu ne participes pas à
la vie du village et nous n’aurons pas assez pour partager tous les jours avec
toi, expliqua Shi.
– Mais je n’habite pas ici ! Je pensais être votre invitée ! Que vous
m’aviez recueillie avec bienveillance et pitié ! Que vous prendriez soin
de moi jusqu’à ce que je puisse partir enfin avec mes enfants !
– Alors c’est vrai, souffla Zhenzhu.
– Qu’est ce qui est vrai ? s’offusqua Ramady.
– Tu es une princesse, une aristocrate, de ces gens qui ne travaillent pas et
qui pensent que tout leur est dû. Tu penses que tu peux venir ici, manger à
notre table, dormir dans notre lit, sans que nous n’ayons rien à te demander en
échange. »
Ramady ne répondit pas. Elle serrait les poings sur la table, en colère. Elle
était certaine qu’elle ne pouvait pas leur faire confiance, que tôt ou tard
leur gentillesse révèlerait son vrai visage. Elle ne comprenait pas la requête
de ses bienfaiteurs, aveuglée par sa méfiance. Soudainement, elle leur vouait
une haine éternelle.
« Si tu ne veux pas participer à notre vie ici, continua Shi, il faudra
alors que tu partes. Nous pourrons prendre soin de tes enfants et tu pourras
venir les récupérer quand ils seront en âge de voyager avec toi…
– Non ! s’écria-t-elle. Ce sont les miens, vous ne me prendrez pas mes
enfants ! Alors c’était ça votre plan depuis que je suis ici !
Voleurs d’enfants ! Depuis combien de temps attendez-vous de pouvoir me
chasser pour me les prendre ? Vous me les avez déjà volés de toute
façon ! Vous leur avez donné des noms, comme si je n’étais pas capable de
le faire ! Vous les avez donnés à une autre femme pour les nourrir. Et
maintenant vous voulez m’éloigner d’eux ! Mais je ne vous laisserai pas
faire ! Monstres ! Chiens !
Elle renversa la table et se précipita vers le berceau dans lequel les trois
bébés somnolaient. Zhenzhu tenta de la raisonner. Il essaya de l’arrêter en
l’attrapant par les épaules. Elle ne lui en laissa pas le temps. Elle se
retourna et lui décrocha un coup de poing au visage qui l’envoya à terre. Shi
se précipita auprès de son mari alors que Ramady sortait avec ses trois enfants
dans la nuit.
Pendant trois jours, on n’eut pas de nouvelles de Ramady.
Certains prétendaient l’avoir vue partir vers l’est, d’autres s’enfuir vers les
hauteurs. Un marchand rapporta même qu’elle lui avait acheté quelques fruits à
Alhadiqa. Shi et Zhenzhu n’y croyaient pas. Durant les trois matinées et les
trois soirées ils se mirent en quête de Ramady et de ses enfants. Ils la cherchèrent
là où ils l’avaient trouvée la première fois, là où on l’apercevait
habituellement et même le long du chemin de l’ouest mais elle n’y était pas.
Ils se firent une raison. Ramady était partie, ses enfants aussi.
« C’était ses enfants, pas les nôtres, dit Shi à Zhenzhu alors qu’ils
récoltaient des pommes dans un des vergers de Lutai.
– Je sais, mais elle semblait si distante d’eux. Peut-être qu’elle avait
raison, qu’on voulait lui prendre ses enfants, soupira Zhenzhu.
– Nous l’avons aidée autant que nous avons pu le faire, c’est tout. Elle était
venue ici pour les protéger.
– Et comment va-t-elle faire maintenant ? »
Ils furent interrompus par Lieren qui arriva en courant depuis les hauteurs de
la vallée. Il était rouge de sa course folle à travers Lutai. Il transpirait à
grosses gouttes et prit plusieurs minutes pour reprendre son souffle, ce qui
agaça particulièrement Shi.
« Eh bien Lieren, tu étais bien pressé pour quelqu’un qui ne dit rien…
– J’ai croisé… Ramady… Elle m’a dit que… Qu’elle serait chez vous ce soir,
tenta-t-il d’expliquer essoufflé.
– Est-ce qu’elle allait bien ? Et ses enfants ?
– Je crois qu’ils allaient tous biens… Pfiou… Quelle course ! »
Shi et Zhenzhu se sourirent et se remirent au travail, sans apercevoir le
bracelet d’or que Lieren avait au poignet. En repartant, Shi prit quelques
pommes supplémentaires, sans que Gongping ne la voie. Elles seraient pour
Ramady.
Lorsqu’ils arrivèrent chez eux, ils ne trouvèrent personne. Seulement sur la
table un morceau de tissu avec quelques mots maladroitement griffonnés à la
cendre. « Je suis dans la remise. » Ils y coururent. Ils y trouvèrent
Ramady au milieu de cinq grandes jarres de terres fermées par des bouchons de
cire. Les trois enfants dormaient dans le berceau qu’elle avait tiré là.
« J’ai acheté ces pots de viande de cerf au sel à Lieren, expliqua-t-elle,
pour me faire pardonner et vous rendre tout ce que vous avez fait pour moi.
J’aimerais rester encore quelques temps ici, avec vous. Je donnerai mes bijoux
au village, ils achèteront largement ma ration de nourriture.
– Alors c’est vrai que tu étais une princesse dans ton pays ?
– Oui en quelque sorte. Mais je ne le suis plus maintenant. Et je veux vivre
avec vous et les gens de Lutai. Et que mes enfants grandissent ici, dans
le calme, la paix et la sérénité. »
Shi et Zhenzhu acceptèrent les excuses de Ramady, le village accepta ses bijoux
comme gage de sa bonne foi. Parfois Ramady venait travailler aux champs avec
les autres. On se moquait d’elle lorsqu’elle trébuchait dans la terre ou
lorsqu’elle se servait d’un outil de la mauvaise manière. On l’écoutait
lorsqu’elle transmettait ce que ses parents lui avaient appris sur les
plantations et les croisements d’espèces. On rigolait toujours lorsqu’elle
s’énervait dans sa langue natale. Mais plus personne ne s’opposa à ce qu’elle
ait droit à sa part de la production du village.
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